Il y a #33ans (et 3 jours), le 2 Octobre 1983, Thomas
Sankara et son équipe révolutionnaire ont écrit ce discours d’orientation
politique (DOP) qui, entre autres, dénonçait l'injustice et l’impact toxique de
23 ans du système néocolonial au Burkina Faso, et proposait un projet de société pour un Burkina Faso (Haute Volta à l'époque) fort, digne, et indépendant. Lu aujourd'hui, 33 ans après, ce
DOP résonne avec les réalités de plusieurs pays d’Afrique francophone - on a
juste à changer « Haute Volta » avec le nom du pays (par exemple :
« Cameroun ») et « voltaïques »
avec «Camerounais (e)s». Après lecture de ce discours, on ne peut que réaliser
profondément qu’à ce jour, le Cameroun a été asservi à un système néocolonial
depuis 23+33 (56) ans, car le pays n’a jamais eu une phase dans son histoire ou
elle se défait des chaînes de l’impérialisme. Alors que certains pays ont
réussi à identifier ce problème et a essayé de le résoudre; le constat de notre pays (33 ans et ca sort comme ca sort) nous montre que nous sommes restés
dans la même situation de neo-impérialisme dépendante, depuis notre «indépendance» in 1960. Ce DOP lu par Thomas
Sankara (et écrit par Valérie Some – en grande
partie ; Blaise Compaoré, et Thomas Sankara) est assez long, mais pour les
amateurs de l'histoire, les curieux de l’Afrique, les ambassadeurs de la
gouvernance, les âmes en quête de justice, et les panafricanistes réel (et non
de façade), les 30-à-45 minutes de lecture, en valent la peine.
Ndongo Samba Sylla, auteur de « Redécouvrir Sankara, Martyr de la Liberté » relate si précisément le phénomène Sankara : « Même si, par miracle, Sankara était de nouveau parmi nous, confie Maître Benewende Sankara…on allait encore le tuer… c’est la nature de son combat qui rend cette issue presque inévitable. Sans mentionner que les nations africaines jusque-là se sont distinguées par leur patience à souffrir le gouvernement des médiocres que par leur capacité à protéger les hommes de vertu. »
Ndongo Samba Sylla, auteur de « Redécouvrir Sankara, Martyr de la Liberté » relate si précisément le phénomène Sankara : « Même si, par miracle, Sankara était de nouveau parmi nous, confie Maître Benewende Sankara…on allait encore le tuer… c’est la nature de son combat qui rend cette issue presque inévitable. Sans mentionner que les nations africaines jusque-là se sont distinguées par leur patience à souffrir le gouvernement des médiocres que par leur capacité à protéger les hommes de vertu. »
Ci-dessous sont des extraits non-intégraux de la DOP, des parties choisies que
j’ai compilés. Pour lire tout le document complet, visitez le site : http://thomassankara.net/discours-d-orientation-politique-2/
Ce document, et ses extraits ci-dessous, devraient servir comme référence aux panafricanistes d’aujourd’hui. C’est ce type de document que nos partis d’opposition crédible devrait présenter au peuple, qui délignerait leur vision pour un pays prospère; car à present, l'Afrique a soif de leadership ancré sur une vision de l'Afrique indépendante, et non cette Afrique dans laquelle nous vivons, en déficit de bonne gouvernance.
Ce document, et ses extraits ci-dessous, devraient servir comme référence aux panafricanistes d’aujourd’hui. C’est ce type de document que nos partis d’opposition crédible devrait présenter au peuple, qui délignerait leur vision pour un pays prospère; car à present, l'Afrique a soif de leadership ancré sur une vision de l'Afrique indépendante, et non cette Afrique dans laquelle nous vivons, en déficit de bonne gouvernance.
Le gouvernement révolutionnaire
de TomSank a ainsi proposé des réformes (entre autres)
sur 3 volets :
sur 3 volets :
(1)
au sein de l'armée :
" Fini le temps où l’on prétendait à la réalité de la neutralité et de l’apolitisme de l’armée tout en faisant d’elle le rempart de la réaction et le garant des intérêts impérialistes !
Fini le
temps où notre armée nationale se comportait tel un corps de mercenaires
étrangers en territoire conquis ! Ce temps-là est désormais révolu à jamais…l’armée
nationale populaire ne fera de place à aucun militaire qui méprise son peuple,
le bafoue et le brutalise. Une armée du peuple au service du peuple, telle est
la nouvelle armée que nous édifierons à la place de l’armée néo-coloniale,
véritable instrument d’oppression et de répression aux mains de la bourgeoisie
réactionnaire qui s’en sert pour dominer le peuple. »
(2) Pour l’émancipation de la femme :
« Le
poids des traditions séculaires de notre société voue la femme au rang de bête
de somme. Tous les fléaux de la société néo-coloniale, la femme les subit
doublement : premièrement, elle connaît les mêmes souffrances que l’homme ;
deuxièmement, elle subit de la part de l’homme d’autres souffrances.
Notre
révolution intéresse tous les opprimés, tous ceux qui sont exploités dans la
société actuelle. Elle intéresse par conséquent la femme, car le fondement de
sa domination par l’homme se trouve dans le système d’organisation de la vie
politique et économique de la société. La révolution, en changeant l’ordre
social qui opprime la femme, crée les conditions pour son émancipation
véritable…
Créer
une nouvelle mentalité chez la femme voltaïque qui lui permette d’assumer le
destin du pays aux côtés de l’homme est une des tâches primordiales de la
révolution. II en est de même de la transformation à apporter dans les
attitudes de l’homme vis-à-vis de la femme.
Jusqu’à
présent la femme a été exclue des sphères de décisions. La révolution, en
responsabilisant la femme, crée les conditions pour libérer l’initiative
combattante des femmes…
La
vraie émancipation de la femme, c’est celle qui responsabilise la femme, qui
l’associe aux activités productives, aux différents combats auxquels est
confronté le peuple. La vraie émancipation de la femme c’est celle qui force le
respect et la considération de l’homme. L’émancipation tout comme la liberté ne
s’octroie pas, elle se conquiert. Et il incombe aux femmes elles-mêmes
d’avancer leurs revendications et de se mobiliser pour les faire aboutir.
En
cela, la Révolution démocratique et populaire créera les conditions nécessaires
pour permettre à la femme voltaïque de se réaliser pleinement et
entièrement. Car, serait-il possible de liquider le système d’exploitation en
maintenant exploitées ces femmes qui constituent plus de la moitié de notre
société ? »
(3)
Une économie nationale indépendante, auto-suffisante et planifiée:
i. La réforme agraire
– L’accroissement de la productivité du
travail par une meilleure organisation des paysans et l’introduction au niveau
du monde rural de techniques modernes d’agriculture
– Le
développement d’une agriculture diversifiée de pair avec la spécialisation
régionale
–
L’abolition de toutes les entraves propres aux structures socio-économiques
traditionnelles qui oppriment les paysans
–
Enfin, faire de l’agriculture le point d’appui du développement de l’industrie.
Cela
est possible en donnant son vrai sens au slogan d’auto-suffisance alimentaire,
trop vieilli à force d’avoir été proclamé sans conviction. Ce sera d’abord la
lutte âpre contre la nature qui, du reste, n’est pas plus ingrate chez nous que
chez d’autres peuples qui l’ont merveilleusement vaincue sur le plan agricole.
Le Conseil national de la révolution ne se bercera pas d’illusions en projets
gigantissimes, sophistiqués. Au contraire, de nombreuses petites réalisations
dans le système agricole permettront de faire de notre territoire un vaste
champ, une suite infinie de fermes. Ce sera ensuite la lutte contre les
affameurs du peuple, spéculateurs et capitalistes agricoles de tout genre. Ce
sera enfin la protection contre la domination impérialiste de notre
agriculture, dans l’orientation, le pillage de nos ressources et la concurrence
déloyale à nos productions locales par des importations qui n’ont de mérite que
leur emballage pour bourgeois en mal de snobisme. Des prix rémunérateurs et des
unités industrielles agro-alimentaires assureront aux paysans des marchés pour
leurs productions en toute saison.
ii. La réforme de
l’administration
– La réforme administrative vise à
rendre opérationnelle l’administration héritée de la colonisation. Pour ce
faire, il faudra la débarrasser de tous les maux qui la caractérisent, à savoir
la bureaucratie lourde, tracassière et ses conséquences, et procéder à une
révision complète des statuts de la Fonction publique. La réforme devra
déboucher sur une administration peu coûteuse, plus opérante et plus souple.
iii. La réforme scolaire
– La Réforme scolaire vise à promouvoir
une nouvelle orientation de l’éducation et de la culture. Elle devra déboucher
sur la transformation de l’école en un instrument au service de la révolution.
Les diplômés qui en sortiront devront être, non au service de leurs propres
intérêts et (de celui) des classes exploiteuses, mais au service des masses
populaires. L’éducation révolutionnaire qui sera dispensée dans la nouvelle école
devra inculquer à chacun une idéologie, une personnalité voltaïque qui
débarrasse l’individu de tout mimétisme. Apprendre aux élèves étudiants à
assimiler de manière critique et positive les idées et les expériences des
autres peuples, sera une des vocations de l’école dans la société démocratique
et populaire.
Pour arriver à bout de l’analphabétisme
et de l’obscurantisme, il faudra mettre l’accent sur la mobilisation de toutes
les énergies en vue de l’organisation des masses pour les sensibiliser et créer
en elles la soif d’apprendre en leur montrant les inconvénients de l’ignorance.
Toute politique de lutte contre l’analphabétisme, sans la participation même
des principaux intéressés est vouée à l’échec.
Quant à la culture dans la
société démocratique et populaire, elle devra revêtir un triple caractère :
national, révolutionnaire et populaire.
Tout ce qui est anti-national,
anti-révolutionnaire et anti-populaire devra être banni. Au contraire, notre
culture qui a célébré la dignité, le courage, le nationalisme et les grandes
vertus humaines sera magnifiée.
La Révolution démocratique et populaire
créera les conditions propices à l’éclosion
d’une culture nouvelle. Nos artistes auront les coudées franches pour aller
hardiment de l’avant. Ils devront saisir l’occasion qui se présente à eux pour
hausser notre culture au niveau mondial. Que les écrivains mettent leur plume
au service de la révolution. Que les musiciens chantent non seulement le passé
glorieux de notre peuple mais aussi son avenir radieux et prometteur.
La révolution attend de nos
artistes qu’ils sachent décrire la réalité, en faire des images vivantes, les exprimer en
notes mélodieuses tout en indiquant à notre peuple la voie juste conduisant
vers un avenir meilleur. Elle attend d’eux qu’ils mettent leur génie créateur
au service d’une culture voltaïque, nationale, révolutionnaire et populaire.
La source inépuisable, pour
l’inspiration créatrice des masses, se trouve dans les masses populaires.
Savoir vivre avec les masses, s’engager dans le mouvement populaire, partager
les joies et les souffrances du peuple, travailler et lutter avec lui,
devraient constituer les préoccupations majeures de nos artistes.
Avant de produire, se poser la question
: à qui destinons-nous notre création ? Si nous avons la conviction que c’est
pour le peuple que nous créons, alors nous devons savoir clairement ce qu’est
le peuple, quelles sont ses composantes, quelles sont ses aspirations
profondes.
iv. La réforme des structures
de production et de distribution dans le secteur moderne.
Les réformes dans ce domaine visent à
établir progressivement le contrôle effectif du peuple voltaïque sur les
circuits de production et de distribution. Car sans une véritable maîtrise de
ces circuits, il est pratiquement impossible d’édifier une économie
indépendante au service du peuple.
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Plus
d’Extraits : (Le constat fait, avant la proposition des reformes ci-haut)
Dans cette partie du DOP, Sankara résume
l’état dans lequel le Burkina Faso se trouvait avant la révolution de 1983,
après 23 ans de néocoloniale (On se croirait
au Cameroun de 2016) :
« Dans leur essence, la société
néo-coloniale et la société coloniale ne diffèrent en rien. Ainsi, à
l’administration coloniale on a vu se substituer une administration
néo-coloniale identique sous tous les rapports à la première. A l’armée
coloniale se substitue une armée néo-coloniale avec les mêmes attributs, les
mêmes fonctions et le même rôle de gardien des intérêts de l’impérialisme et de
ceux de ses alliés nationaux. A l’école coloniale se substitue une école
néo-coloniale qui poursuit les mêmes buts d’aliénation des enfants de notre
pays et de reproduction d’une société essentiellement au service des intérêts
impérialistes, accessoirement au service des valets et alliés locaux de
l’impérialisme. Des
nationaux voltaïques entreprirent, avec l’appui et la bénédiction de
l’impérialisme, d’organiser le pillage systématique de notre pays. Des miettes
de ce pillage qui leur retombent, ils se transforment petit à petit en une
bourgeoisie véritablement parasitaire, ne sachant plus retenir leurs appétits
voraces. Mus par leurs seuls intérêts égoïstes, ils ne reculeront désormais
plus devant les moyens les plus malhonnêtes, développant à grande échelle la
corruption, le détournement des deniers et de la chose publics, les trafics
d’influence et la spéculation immobilière, pratiquant le favoritisme et le
népotisme. Ainsi s’expliquent toutes les richesses matérielles et financières
qu’ils ont pu accumuler sur le dos du peuple travailleur.
Et non contents de vivre sur les rentes fabuleuses qu’ils
tirent de l’exploitation éhontée de leurs biens mal acquis, ils jouent des
pieds et des mains pour s’accaparer des responsabilités politiques qui leur
permettront d’utiliser l’appareil étatique au profit de leur exploitation et de
leur gabegie. Une année entière ne se passe sans qu’ils se payent de grasses
vacances à l’étranger. Leurs enfants désertent les écoles du pays pour un
enseignement de prestige dans d’autres pays. A la moindre petite maladie, tous
les moyens de l’État sont mobilisés pour leur assurer des soins coûteux dans
les hôpitaux de luxe des pays étrangers. Tout cela se déroule sous les yeux
d’un peuple voltaïque laborieux, courageux et honnête, mais qui croupit dans la
misère la plus crasse.
Si pour la minorité de riches la Haute-Volta constitue un
paradis, pour cette majorité que constitue le peuple, elle est un enfer à peine
supportable.
Dans cette grande majorité, les salariés, malgré le fait
qu’ils sont assurés d’un revenu régulier subissent contraintes et pièges de la
société de consommation du capitalisme. Tout
leur salaire se voit consommé avant même qu’il n’ait été touché. Et le cercle
vicieux se poursuit sans fin, sans aucune perspective de rupture.
Au sein de leurs syndicats respectifs, les salariés
engagent des luttes revendicatives pour l’amélioration de leurs conditions de
vie. L’ampleur de ces luttes contraint quelquefois les pouvoirs néo-coloniaux
en place à lâcher du lest. Mais ils ne donnent d’une main que pour récupérer
aussitôt de l’autre. Ainsi on annonce, avec grand tapage, une augmentation de
10 pour cent des salaires pour immédiatement prendre des mesures d’imposition
qui annulent les effets bénéfiques attendus de la première mesure. Les
travailleurs après 5, 6, 7 mois finissent toujours par se rendre compte de la
supercherie et se mobilisent pour de nouvelles luttes. Sept mois, c’est plus
qu’il ne faut aux réactionnaires au pouvoir pour reprendre du souffle et
élaborer d’autres stratagèmes. Dans cette lutte sans fin, le travailleur s’en
sort toujours perdant.
Au sein de cette grande majorité, il y a ces «damnés de
la terre», ces
paysans que l’on exproprie, que l’on spolie, que l’on moleste, que l’on
emprisonne, que l’on bafoue et que l’on humilie chaque jour et qui, cependant,
sont de ceux dont le travail est créateur de richesses. C’est par leurs
activités productives que l’économie du pays se maintient malgré sa fragilité.
C’est de leur travail que se «sucrent» tous ces nationaux pour qui la
Haute-Volta est un El Dorado. Et pourtant, ce sont eux qui souffrent le plus du
manque des structures, d’infrastructures routières, du manque des structures et
d’encadrement sanitaires. Ce sont ces paysans créateurs de richesses nationales
qui souffrent le plus du manque d’écoles et de fournitures scolaires pour leurs
enfants. Ce sont leurs enfants qui vont grossir les rangs des chômeurs après un
passage-éclair sur les bancs des écoles mal adaptées aux réalités de ce pays. C’est parmi eux que le taux d’analphabétisme est
le plus élevé : 98 pour cent. Ceux qui ont besoin de plus de savoir pour que
leur travail productif puisse s’améliorer en rendement, c’est encore eux qui
profitent le moins des investissements dans le domaine de la santé, de l’éducation
et de la technologie.
La
jeunesse paysanne, qui a les mêmes dispositions d’esprit que toute la jeunesse,
c’est-à-dire, plus sensible à l’injustice sociale et favorable au progrès, en
arrive, dans un sentiment de révolte, à déserter nos campagnes les privant
ainsi de ses éléments les plus dynamiques. Le premier réflexe pousse cette
jeunesse dans les grands centres urbains que sont Ouagadougou et
Bobo-Dioulasso. Là ils espèrent trouver un travail plus rémunérateur et
profiter aussi des avantages du progrès. Le manque de travail les pousse à
l’oisiveté avec les vices qui la caractérisent. Enfin ils chercheront leur
salut, pour ne pas finir en prison, en s’expatriant vers l’étranger où
l’humiliation et l’exploitation la plus éhontée les attendent. Mais la société
voltaïque leur laisse-t-elle d’autre choix ?
Telle est, de la manière la plus succincte, la situation
de notre pays après 23 années de néo-colonisation : paradis pour les uns et
enfer pour les autres.
Après 23 années de domination et d’exploitation impérialistes,
notre pays demeure un pays agricole arriéré où le secteur rural qui occupe plus
de 90 pour cent de la population active ne représente seulement que 45 pour
cent de la production intérieure brute (PIB) et fournit les 95 pour cent des
exportations totales du pays. Plus simplement il faut constater que pendant que
dans d’autres pays les agriculteurs qui constituent moins de 5 pour cent de la
population arrivent non seulement à se nourrir correctement, à assurer les
besoins de toute la nation entière, mais aussi à exporter d’immenses quantités
de leurs produits agricoles, chez nous plus de 90 pour cent de la population
malgré de rudes efforts connaissent famines et disettes et sont obligés d’avoir
recours, avec le reste de la population, à l’importation des produits agricoles
si ce n’est à l’aide internationale. Le déséquilibre entre les exportations et
les importations ainsi créé contribue à accentuer la dépendance du pays
vis-à-vis de l’étranger. Le déficit commercial qui en résulte s’accroît sensiblement
au fil des années et le taux de couverture des importations par les
exportations se situe aux environs de 25 pour cent. En termes plus clairs, nous achetons à
l’étranger plus que nous ne lui vendons et une économie qui fonctionne sur
cette base se ruine progressivement et va vers la catastrophe.
Les investissements privés en provenance de l’extérieur
sont non seulement insuffisants, mais en outre exercent des ponctions énormes
sur l’économie du pays et ne contribuent donc pas à renforcer sa capacité
d’accumulation. Une part importante de la richesse créée à l’aide des
investissements étrangers est drainée vers l’extérieur au lieu d’être
réinvestie pour accroître la capacité productive du pays. Dans la période
1973-1979, on estime les sorties des devises comme revenus des investissements
directs étrangers à 1,7 milliard de francs CFA par an, alors que les
investissements nouveaux ne se chiffrent qu’à 1,3 milliard de francs CFA par an
en moyenne. L’insuffisance des efforts en investissements productifs amène
l’État voltaïque à jouer un rôle fondamental dans l’économie nationale par
l’effort qu’il fournit en vue de suppléer à l’investissement privé. Situation
difficile lorsque l’on sait que les recettes du budget de l’État sont
essentiellement constituées par les recettes fiscales qui représentent 85 pour
cent des recettes totales et qui se résument en grande partie à des taxes sur
les importations et à des impôts. Les recettes de l’État financent, outre
l’effort d’investissement national, les dépenses de l’État dont 70 pour cent
servent à payer les salaires des fonctionnaires et à assurer le fonctionnement
des services administratifs. Que peut-il en rester alors pour les
investissements sociaux et culturels ?
Dans le domaine de l’éducation, notre pays se situe parmi
les pays les plus retardataires avec un taux de scolarisation de 16,4 pour cent
et un taux d’analphabétisme qui s’élève à 92 pour cent en moyenne. C’est dire
que sur 100 Voltaïques, à peine huit semblent savoir lire et écrire en quelque
langue que ce soit.
Sur
le plan sanitaire, le taux de morbidité et de mortalité est des plus élevés dans la sous
région en raison de la prolifération des maladies transmissibles et des
carences nutritionnelles.
Comment d’ailleurs éviter une telle situation
catastrophique lorsque l’on sait que chez nous on ne compte qu’un lit d’hôpital
pour 1 200 habitants et un médecin pour 48 000 habitants ?
Ces quelques
éléments suffisent à eux seuls pour illustrer l’héritage que nous laissent 23
années de néo-colonisation, 23 années d’une politique de totale démission
nationale. Cette situation, parmi les plus désolantes, ne peut laisser dans
l’indifférence aucun Voltaïque qui aime et honore son pays.
En effet notre peuple, peuple courageux et travailleur,
n’a jamais pu tolérer une telle situation. Et parce qu’il avait compris qu’il
ne s’agissait pas là d’une fatalité mais d’une organisation de la société sur
des bases injustes au seul profit d’une minorité, il a toujours développé des
luttes multiformes, cherchant les voies et moyens pour mettre un terme à
l’ancien ordre des choses.
C’est pourquoi, il a salué fiévreusement l’avènement du
Conseil national de la révolution et de la révolution d’août qui est le
couronnement des efforts qu’il a déployés et des sacrifices qu’il a consentis
pour renverser l’ancien ordre, instaurer un nouvel ordre à même de réhabiliter
l’homme voltaïque et donner une place de choix à notre pays clans le concert
des nations libres, prospères et respectées.
Les
classes parasitaires qui avaient toujours tiré profit de la Haute-Volta
coloniale et néocoloniale sont et seront hostiles aux transformations
entreprises par le processus révolutionnaire entamé depuis le 4 août 1983. La
raison en est qu’elles sont et demeurent attachées par un cordon ombilical à
l’impérialisme international. Elles sont et demeurent les fervents défenseurs
des privilèges acquis du fait de leur allégeance à l’impérialisme. Quoique
l’on fasse, quoique l’on dise, elles resteront égales à elles-mêmes, et
continueront de tramer complots et intrigues pour la reconquête de leur
«royaume perdu». De ces nostalgiques il ne faut point s’attendre à une reconversion de
mentalité et d’attitude. Ils ne sont sensibles et ne comprennent que le langage
de la lutte, la lutte des classes révolutionnaires contre les exploiteurs et
les oppresseurs des peuples. Notre révolution sera pour eux la chose la plus
autoritaire qui soit ; elle sera un acte par lequel le peuple leur imposera sa
volonté par tous les moyens dont il dispose et s’il le faut par ses armes.
Le texte intégral se trouve ici : http://thomassankara.net/discours-d-orientation-politique-2
Rom 8:31 1John4:4 CoveredInTheBloodOfJesus InvisibleInTheEyesOfTheEnemy
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